LE SYSTEME VICTORIA
jeu. 27 mars
|LE COLISÉE CARCASSONNE
Drame - France - 1h41 (5/03/2025) De Sylvain Desclous Avec Damien Bonnard, Jeanne Balibar, Cédric Appietto


Heure et lieu
27 mars 2025, 16:00 – 04 avr. 2025, 18:00
LE COLISÉE CARCASSONNE
À propos de l'événement
HORAIRES
4 séances avec des horaires pouvant varier de quelques minutes :
Les jours et horaires précis sont déterminés chaque semaine par le Colisée.
Jeu 27/03 : 16h - Dim 30/03 : 18h40 Avec présentation du film par un membre de l'association - Mar 01/04 : 20h45.
Ven 4/04 : 18h20.
SYNOPSIS
Directeur de travaux, David est à la tête du chantier d’une grosse tour en construction à La Défense. Retards insurmontables, pressions incessantes et surmenage des équipes : il ne vit que dans l’urgence. Lorsqu’il croise le chemin de Victoria, ambitieuse DRH d’une multinationale, il est immédiatement séduit par son audace et sa liberté. Entre relation passionnelle et enjeux professionnels, David va se retrouver pris au piège d’un système qui le dépasse.
CRITIQUES
Les Inrocks :
David (Damien Bonnard), architecte de formation, est directeur de travaux sur la construction d’un nouveau gratte-ciel de La Défense. Mais les travaux, comme toujours, ont du retard, et le promoteur lui parle mal. David est sur le point de laisser tomber le chantier quand il rencontre par hasard une femme séduisante, Victoria (Jeanne Balibar, en photo), grande bourgeoise, brillante DRH, qui lui conseille de finir coûte que coûte le chantier.
Libération :
Victoria est une winneuse. DRH pleine d’audace ultralibérale dans une multinationale, elle exhale d’assurance et d’optimisme quant au futur du monde, de son monde, celui des riches et des puissants. David est un loser. Coincé dans la zone médiane de notre société, cet architecte passé à côté de la gloire, œuvre comme directeur de travaux d’une société de construction avec, à sa charge, l’édification dans des délais insensés d’une tour de bureau à l’obsolescence programmée à la Défense. Au moment où il envisage de jeter l’éponge, David rencontre Victoria.
Une liaison très singulière se noue entre ces deux inconnus a priori à des années-lumière l’un de l’autre – il passe ses journées sous pression et sur un chantier bruyant, à régler des problèmes matériels et concrets, pendant qu’elle exerce son pouvoir depuis des tableaux Excel, dans des bureaux feutrés. Sexuelle, intensément, mais aussi amicale, gorgée de bons sentiments, Victoria se piquant, en tout altruisme – apparemment – d’exhorter David à ne rien lâcher de sa tour, pour sa carrière et son propre intérêt. Mais le système qui se met en place entre les deux, alors que de mystérieux voyous tentent d’intimider David pour qu’il ralentisse la cadence des travaux, révèle peu à peu son ampleur. Le cul entre Victoria et David est bien sûr lié, inextricablement, au business et au bâtiment.
Du roman éponyme d’Eric Reinhardt, tentative de coupe latérale, post houellebecquienne, de la France à l’ère du libéralisme sans bornes, Sylvain Desclous (la Campagne de France, De grandes espérances) tire étonnamment un film très peu théorique et objectivement désintéressé par la logique de son récit, celle d’un thriller, pour se concentrer sur la chair des amants, et celle des acteurs qui les incarnent. Corps quasi contraires de Jeanne Balibar et Damien Bonnard, qui en jouent pour interpréter des rôles qu’on leur ignorait jusqu’alors, elle terrienne et lumineuse, jouant d’une séduction trouée de mystère mais jamais saugrenue, lui médiocre et érotomane, antipathique et intéressé, dindon de la farce dans lequel le spectateur – c’est la force du film – ne peut faire autrement que de se reconnaître, tel que pris en étau entre son propre désir et sa propre aliénation.
Télérama :
Victoria est DRH, option dents longues et hauts talons, toujours entre deux avions, deux restructurations. Voix grave, yeux de biche, séduction et manipulation. David est conducteur de travaux par défaut, son diplôme d’architecte épinglé sur le mur de ses renoncements. Bedonnant, séparé, père d’un enfant, toujours à courir après les délais et les sous-traitants pour livrer à temps le chantier de la plus haute tour de la Défense. Une panthère en peluche oubliée dans un magasin de jouets réunit par un drôle de hasard l’homme idéaliste frustré (Damien Bonnard, bonne pâte) et la femme ultralibérale libérée (Jeanne Balibar, vénéneuse à souhait). Le système Victoria peut s’enclencher.
La passion volcanique par temps de crise financière, volatile comme une valeur boursière, tel était le sujet du roman homonyme d’Éric Reinhardt publié en 2011. Sylvain Desclous en tire un thriller moins frontalement érotique, mais où l’érection d’un gratte-ciel dicte éperdument le tempo. Entre pénalités de retard et tentatives de corruption, pression permanente et humiliations, le monde assourdissant du BTP, gangrené par la rentabilité financière, n’est pas épargné. La mise en scène lui oppose la bulle érogène feutrée des hôtels chics et restaurants discrets, où le couple adultérin se retranche, entre luxe et luxure.
Positif :
Passé une première demi-heure intrigante qui parvient à infuser peu à peu une dose de suspense dans cette tranche de vie naturaliste, la multiplication des fils narratifs tirés avant d’être abandonnés en cours de route finit par émousser l’intérêt.
Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?v=pyRIk_frMOI