UN AMOR
jeu. 21 nov.
|LE COLISÉE CARCASSONNE
Drame, Romance Espagne - 2h09 (9/10/2024) De Isabel Coixet Avec Laia Costa, Hovik Keuchkerian, Luis Bermejo Soirée débat à 20h
Heure et lieu
21 nov. 2024, 20:00 – 23:00
LE COLISÉE CARCASSONNE
À propos de l'événement
CINE-DEBAT
Les ADC soutiennent cette soirée débat animée par le Collectif11 Droit des Femmes.
SYNOPSIS
Natalia, la trentaine, se retire dans un village de la campagne espagnole pour échapper à un quotidien stressant. Elle se heurte à la méfiance des habitants, se lie d’amitié avec un chien, et accepte une troublante proposition de son voisin.
CRITIQUES
Libération :
Un amor, le titre de ce beau film d’Isabel Coixet adaptant un roman astucieux de Sara Mesa, est un piège. Une chausse-trappe dans laquelle on tombe en même temps que l’héroïne, Nat, qui croit un instant, ou peut-être se persuade, jouir miraculeusement d’une idylle là et quand elle ne l’attendait pas. Citadine abîmée par son métier d’interprète dans un centre d’accueil de réfugiés, elle est venue habiter à La Escapa, hameau mal nommé de la Rioja, avec pour tout bagage un vague projet de traduction de Simone Weil. Car immédiatement, tout l’enserre, les collines poussiéreuses, les murs pourris de la maison qu’elle loue, la nuée d’hommes agressifs, indiscrets, indécents qui lui tournent autour et forcent le seuil, plus d’une fois, de son intimité. Jusqu’à ce qu’elle autorise l’un d’eux, Andreas, dit «l’Allemand», en vérité un fils de réfugié arménien, à entrer dans sa vie, pourtant à la faveur d’un singulier marché (une voisine qui perd la boule résume : «Elle lui donne des fruits, il lui pose des briques.»). Rapidement, elle va le regretter, Andreas révéler le salopiot sous le rustre, et le film préciser son arrière-pensée : aucune liberté n’attendait Nat à La Escapa, ce qui ne l’empêchera pas de l’arracher au bout du chemin jonché d’immondices. En parallèle, on suit la transformation d’un clébard, adopté de force, traumatisé par des violences qui l’ont laissé défiguré et qui est bien sûr l’alter ego de l’héroïne. Leur évasion commune fait une belle catharsis.
Télérama :
L’anti-Emmanuelle se prénomme Natalia, dont l’émancipation ne suppose ni vol en première classe, ni palace hongkongais. Au contraire de l’héroïne ressuscitée par Audrey Diwan sous les traits de Noémie Merlant, celle d’Isabel Coixet (Ma vie sans moi) se révèle dans le dénuement, la mouise, même, pour parler crûment – et il est assez cru, ce film espagnol adapté d’un roman de Sara Mesa. Souhaitant échapper au stress et à un travail minant de traductrice pour une ONG d’aide aux réfugiés, Natalia (Laia Costa, très bien) se pose dans un village de montagne, où elle a loué une masure. « Ici, tout le monde sait tout sur tout le monde », l’avertit son voisin Andreas. Il dit vrai.
Foin de retour à la terre et de parenthèse enchantée. La citadine compte ses sous à l’épicerie et prend un plafond sur la tête aux premières averses. Le propriétaire lui aboie sa misogynie au visage, plus menaçant à chaque visite, mais lui offre un attachant corniaud. Quand Andreas, surnommé l’Allemand (Hovik Keuchkerian, un colosse qu’on croirait échappé d’un film d’Alain Guiraudie), lui propose un marché infect – « Je peux réparer le toit si tu me laisses entrer en toi un instant » –, le refus initial de Natalia finit par céder sous le déluge automnal.Le sexe (bien filmé) et l’argent se renvoient la balle dans cet Amor peu aimable, à tout le moins inconfortable. Il y a certes des longueurs, des scories (les flash-back sur le témoignage douloureux d’une femme africaine, réduit à un écho psychologisant), mais le long métrage captive par son exploration d’une ruralité inamicale et d’un érotisme trouble — et troublant. Car de son propre chef, cette fois, Natalia entame une liaison avec cet Allemand pas bavard, sans qu’on sache s’il lui plaît pour de bon, s’il s’agit pour elle de reprendre le contrôle ou, autre hypothèse, s’il faut absolument qu’une histoire, une vraie, naisse d’un humiliant coït transactionnel. Dans ce splendide paysage rocheux, se livre in fine un combat intérieur sans merci entre le masochisme et la colère. Un amor, ou comment apprendre à mordre.
Le Monde
C’est au récit d’une aliénation féminine et d’une libération des griffes d’une phallocratie violemment imbécile que nous invite ce récit, qui ne fait pas le détail dans la description de genre.
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